Historique | Le projet initial de l'ingénieur des Ponts et Chaussées Philippe Bertrand prévoit, pour la traversée de Besançon, un passage du canal du Rhône au Rhin en lit de rivière, dans la " boucle " du Doubs. Toutefois, celui qu'il établit pour prendre en compte l'arrêt de 1782 (ordonnant l'abaissement ou la destruction des barrages de Besançon) est basé sur le creusement d'un tunnel sous la citadelle, avec 2 écluses. C'est ce dernier qui est défendu par l'ingénieur Joseph Liard face au Génie militaire, opposé à un projet jugé plus risqué pour la défense de la place que le passage en lit de rivière. Le Génie finit par l'emporter en 1826 mais, rapidement, une amélioration de la voie d'eau est souhaitée, qui passe par une augmentation du mouillage, l'agrandissement des écluses et l'exhaussement du chemin de halage (refusé par les militaires). Anticipant sur la loi Freycinet (votée en 1879), l'ingénieur Rascol propose de nouveau, en 1872, la réalisation d'un tunnel (avec 2 implantations possibles). Le Génie militaire n'y est plus opposé, la ville étant protégée par de nouvelles fortifications installées sur les hauteurs alentours. Les travaux de l'avant-projet de Rascol sont donc déclarés d'utilité publique le 11 novembre 1875. Le projet définitif prévoit en 1877 l'établissement d'une dérivation de 522 m précédée d'un bassin et d'une porte ou d'une écluse de garde, puis une tranchée muraillée se poursuivant par un souterrain à voie unique de 391 m de long (avec cuvette et chemin de halage), une écluse à l'aval, un pont métallique à 2 travées pour le halage sur le bassin de Tarragnoz, l'agrandissement de ce bassin qui devient une gare d'eau et la création d'un port insubmersible dans l'île qui le limite au sud, 2 ponts métalliques biais avec voûtes en briques à Rivotte et Tarragnoz pour les routes nationales, l'aménagement pour la nouvelle écluse (n° 50 N) d'une maison d'éclusier dans ce qui restera du cabaret Taverdet (partiellement démoli car situé sur l'emprise de la tête aval du tunnel), l'agrandissement de l'écluse n° 51 de Tarragnoz et la construction d'une maison d'éclusier pour elle (voir ces dossiers), le rehaussement du chemin de halage en amont et en aval. Les pierres nécessaires doivent être prises à la carrière de la Malcombe ou dans les fouilles du souterrain. Les travaux sont adjugés le 2 juillet 1878 à Jacques Troglia, entrepreneur italien établi à Lausanne. En mars 1881, avec 70 personnes sur le chantier, le tunnel est entièrement percé et le pont côté Rivote construit, le bassin d'entrée se creuse et l'écluse côté Tarragnoz est en construction. Cette année est de plus réalisée une entrée maçonnée pour la tête amont du tunnel, où la roche se désagrège. Le pont côté Rivotte est éprouvé le 11 décembre 1881, celui de Tarragnoz le 25 mars suivant. Mise en eau le 30 mars 1882, la dérivation est inaugurée le 30 avril (la date 1882 est inscrite sur la tête amont). Au 20e siècle, les ponts routiers sont reconstruits en béton et la maison éclusière est considérablement remaniée (baies et toiture). Elle abrite un temps deux logements de fonction, ainsi que les bureaux et les archives de la subdivision de Besançon (actuellement au moulin Saint-Paul). La manoeuvre de l'écluse est électrifiée en 1964-1965 par la SARL Ateliers Dagot, d'Arc-lès-Gray (Haute-Saône), sous la direction de l'ingénieur Lanchy. |